Il y a trois ans, je m’étais calé au fond du Métropolis, tout en haut des escaliers jouxtant les toilettes des femmes, dans un bunker VIP avec fenêtre. C’était la première fois que je m’installais au fond de cette grotte,sans bouger de mon ordinateur portable, afin d’y écrire en direct. Ce fut la dernière fois, enfin la dernière à y écrire sans aller m’enquérir de ce qui se passait en bas.
De loin, Rachid Taha avait l’air de donner un spectacle correct, c’était la période Bonjour, album réalisé par un Gaëtan Roussel en pleine possession de ses moyens, de concert avec le New-Yorkais Mark Plati. De prime abord, rien à signaler sur le front, sauf de petites longueurs ressenties au fond du balcon. Sur le parterre, les hésitations et le déséquilibre du chanteur étaient tangibles. Dans les hauteurs, rien d’évident…
Plusieurs avaient conclu que le chanteur était saoul ou givré et… s’en étaient vachement formalisé sur ce blogue. Deux jours plus tard, des proches de la production avaient prétendu que ces égarements étaient les effets secondaires et inattendus d’une prescription parfaitement légale. Mais bon… Vu et entendu du parterre, Rachid avait donné le pire de ses concerts à Montréal depuis ses débuts. Et moi, une critique que je dus revoir à la baisse. Pas très bon souvenir, en somme.
Trois ans plus tard, mon inconscient m’a fait éviter l’écoute de l’album Zoom (paru en mars), jusqu’à ce jour où Rachid Taha revient à Montréal. Par la porte de côté, en fait. Il n’est pas la tête d’affiche d’un gros festival Spectra et/ou Evenko comme il l’a maintes fois été. Il chante ce lundi à l’Olympia de Montréal, et puis mercredi à Chicoutimi.
Sans intérêt ?
Je viens d’écouter ce Zoom une paire de fois. L’album a été réalisé par le guitariste britannique Justin Adams, qui a travaillé notamment avec Robert Plant et Tinariwen. Zoom est très rock, très chaâbi /raï, très maghrébin, très africain, très européen, très anglais, très français.
La chanson Zoom sur Oum est intercalée de formidables mélopées de la grande Oum Kalthoum. O Sole Mio, jadis adaptée par Elvis et rebaptisée Now or Never, est ici interprétée partiellement en arabe dialectal. Voilà Voilà, son hymne anti-facho créé dans les années 90, est carrément amélioré. Il y a aussi du blues, du cajun, du punk, des ballades, du reggae-rock.
C’est simple, c’est cru, c’est la très bonne musique d’un vieux loup qui sait encore mordre et hurler. Des guitares sont grattées par Mick Jones, Justin Adams et Rodolphe Burger, des machines et claviers actionnés par Brian Eno, des mélodies vocales émises par Jeanne Added, Cheba Fadela, Agnès B.
Pour un oriental désorienté, c’est quand même pas mal, non?
OK Rachid, j’y vais ce soir.
LIENS UTILES
martine120
29 juillet 2013
18h03
Pas mal. Voilà… ça sonne. Avec l’âge par contre, sa voix a beaucoup perdu. Trop de cigarettes? http://www.rachidtahaofficial.com/?cat=30
monsieur8
29 juillet 2013
18h18
Bonsoir M. Brunet,
« plusieurs … s’en était vachement formalisé… » Vous voulez parler du « Fuck pipi »? Désolé, sans rancune ;-)
J’aime bien Zoom, c’est du Taha bien au point. Mais pas de quoi monter le son dans l’auto quand même.
Bon show ce soir, j’espère que vous serez bien placé.
alainbrunet
29 juillet 2013
19h10
Oui, fuck BP… au fond en haut, on ne comprenait rien. Ce fut corrigé illico.
Rien de plus sympathique que d’en remettre… Monsieur8 écrit une fois aux deux ans (enfin 4 fois en tout sur ce blogue), toujours très bien placé.
Sans rancune ;-) Venez me saluer si vous vous pointez.
hardy_canyon
30 juillet 2013
11h16
J’avais vu Rachid au Métropolis, ce devait être aux Francos 2000. Grosse ambiance sudorifique, musiques texturées aux pulsations enivrantes, bref, belle soirée rock’n’raï, comme qu’on dit. Je lui avais cependant trouvé un charisme limité, à Rachid. Pas retourné le voir depuis, ai suivi sa production sporadiquement, plus sur papier ou à l’écran que dans mes ‘tites noreilles. Votre mini-critique de Zoom suscite ma curiosité, je m’en vais écouter cela.
hardy_canyon
30 juillet 2013
11h31
Charisme limité dans le sens que Rachid n’est pas un frontman naturel, me semble, comme, euh, David Lee Roth. Déjà mieux que Cheb Khaled, par contre, que j’avais vu à la même époque.
hardy_canyon
30 juillet 2013
14h50
Dans le sens que Khlaed ne péchait pas par excès d’affabilité. Cette fois-là, en tous cas.
Ai écouté Zoom. Touffu pour la palette de genres et de gens, humaniste, cohérent. Pas mal bon. Mention spéciale : Ana, un air country-maghrébin où Rachid évoque, semble-t-il, le Printemps arabe.
monsieur8
30 juillet 2013
17h01
5ème post pour moi sur ce blogue… à vie! J’écris pas beaucoup parce que je suis timide, sauf quand il s’agit de Taha (et de certains sujets politiques, mais pas ici).
J’étais pas au show hier, il m’aurait fait plaisir de venir vous saluer M. Brunet. Comme on dit, qui aime bien, raille bien… et je vous aime bien! Il semble, d’après votre critique, que c’était une des bonnes soirées de Taha. Tant mieux, il a une (toute) petite pente à remonter au Québec.
@hardy_canyon: d’accord, Ana est une très belle chanson, il semble (je parle pas arabe) qu’effectivement elle traite du printemps arabe. Par contre, je ne suis pas d’accord quand vous dites qu’il a peu de charisme. Il bouge moins que Lee Roth (heureusement !!), mais est capable d’avoir une sacrée présence sur une scène. Ma blonde le trouve même beau… ce qui m’inquiète sur ses goûts.